vendredi 21 décembre 2012




Série racontant par le menu la création d'une petite, mais néanmoins grande entreprise, « les ateliers d'écriture d'Anne Kail »

Épisode premier,
Commençons par le commencement, cela me semble tomber sous le sens !
Au début, mais à vrai dire y a-t-il simplement un début pour une création ? Vaste et profonde question !
Donc au début j'écrivais.
J'avais créé une ligne éditoriale baptisée « Si portrait m'était conté »
Ce début, c'était dans les années 1999.
J'écrivais sous forme de conte le portrait d'une personne.
Tenez ! Vous qui me lisez ! Quel personnage pourriez-vous incarner ?
Ainsi, j'écrivais (et écris toujours) des contes.
Et ceci est un début !


Épisode second,
Mon expérience d'écriture de conte (* lire l'épisode N° 1) m'avait enseigné deux leçons :
  • l'écoute et la compréhension d'autrui,
  • l'écriture de livre ou livret.
Parallèlement à cette expérience tout à fait créative et épanouissante, j'étais encore salariée d'une entreprise juridique et écrivais, rédigeais, écrivais, exposais, force « attendu que... » « Par ces motifs... » et autres joyeuses tournures judiciaires....
Hélas ! je n'avais nullement le pouvoir de donner un peu de croustillant au divorce de l'un, ou de la rédaction du bail de l'autre ; non c'était assez plat...
Et puis, dans cette organisation qui aurait pu encore tenir longtemps : conte le matin, entreprise l'après-midi, il y eut un chloups... Enfin je ne sais trop comment l'exprimer, plutôt un plaffe ; bref une détonation !


Épisode troisième,
Et cette question revient, comme une ritournelle. Et cette question est importante. La voici : qu'est-ce qui réellement débute une création ? Cette question a-t-elle même un fondement ? Pour ce qui est de mon aventure, la création de mes ateliers d'écriture, l'épisode numéro deux vous a raconté, qu'à une certaine époque j'avais deux vies : conteuse le matin, assistante juridique l'après-midi. Et un jour cette organisation a chaviré, je décidais alors, une fois pour toutes, de quitter la vie de salariée, pour réaliser mon rêve qui était de créer « ma boîte », selon cette expression étonnante.
Mais il faut vous dire que cette décision n'était en rien le fruit du hasard... Non ! Non !
Voyez-vous, je crois bien que l'être humain possède une sorte d'arrière-cerveau... Enfin, appelons-le ainsi ! Selon moi, c'est une sorte de réserve de rêves à réaliser, et ces rêves ou désirs ne sont pas forcément conscients.
Je me demande si vous me suivez dans le dédale de mes déductions...
Bref, avant de me décider pour une carrière en solo, je ne cessais de rencontrer des clins dœil me mettant l'eau à la bouche....

Épisode quatrième,
Un kiosque à journaux se tenait sur mon chemin. Tous les jours, en me rendant à mon travail, je le rencontrais. Chaque jour, sur les présentoirs je découvrais ces titres : « Rebondissez avec votre entreprise ! » « Lancez-vous dans l'aventure de l'entreprenariat ! » « Un métier indépendant ça vous tente ? » Etc. Cette année là, je ne sais combien de journaux, de revues se sont mis à publier sur ce thème. Une sorte de conjuration !
Comme si ce clin dœil n'était pas suffisant, dans mon bureau, il y avait une personne qui rêvait de s'installer en « free-lance » et chaque jour, elle m'en parlait, m'en parlait et m'en parlait encore...
Enfin, autre clin dœil, alors que je feuilletais les pages de la télévision cherchant un programme intéressant (!) je rencontrais une émission « Demain ». C'est une émission qui parle de création, de reprise d'entreprise... Cela m'attirait de plus en plus !
Voyez-vous, mon arrière-cerveau (voir l'épisode N°3) entrouvrait un peu la porte et transmettait à ma conscience (située chacun sait) le message que moi aussi je pourrais bien me lancer en profession indépendante. Pourtant, aussi curieux que cela m'apparaisse aujourd'hui, je ne faisais rien en ce sens, non ! C'était un peu comme un rêve, de ceux qui vous font vous imaginer avoir gagné au loto et grâce à cette bonne manne d'acheter grand appartement et bijoux de luxe... mais sans jamais ne souscrire à aucun billet de loterie... Curieux !
Le rêve a duré longtemps... Une année entière.
Cette aspiration à créer mon activité était en même temps soutenue par bien des conversations entre amis, sur les choix possibles : profession indépendante, oui, mais dans quel domaine ?


Épisode cinquième,
Si vous lisez cet épisode et je vous en remercie, afin de ne pas perdre le fil, le mieux serait que vous lisiez également les épisodes précédents...
Ainsi donc, devant moi apparaissait cette envie réelle de créer mon entreprise...
Alors ? Alors ! Me direz-vous. Oui alors ! Alors Zoro est arrivé, sous la forme d'un conseil de mon mari. Un jour il me dit « tu devrais te lancer dans les ateliers d'écriture... Tu écris bien, tu écris depuis longtemps des contes... » Et voilà ! C'est aussi simple que cela. L'aventure était lancée ! Je tenais une idée, un désir, une future création... Il ne me restait plus qu'à....
Pourtant j'ai quand même hésité encore un peu : assistante juridique en free-lance ou animatrice d'atelier d'écriture ? Écrivain de conte et uniquement ou animatrice d'atelier d'écriture ?
Et puis un jour, j'ai engagé la machine du Grand-Ya-Ka... C'est-à-dire que je suis allée consulter un spécialiste en matière de création d'entreprise et peu à peu, j'ai compris ce qu'il me restait à accomplir...


Épisode sixième,
Alors que me restait-il à accomplir ? Et bien deux ou trois petites bricoles !
Des formalités : choisir une forme juridique pour mon activité... Oui, mais laquelle ?
Qui pouvait bien me renseigner ? pouvaient se dérouler mes activités ? Et finalement il y aurait quoi, dans ces fameuses activités d'atelier d'écriture ? Et bien j'ai répondu à tout. Patiemment. La patience, une vertu ? Parfaitement.
Le plus difficile me demandez-vous ? Peut-être un jour, après quelques mois d'exercices, ayant confié ma recette (entière !) à une société de portage salarial (entreprise qui devait me salarier et donc me payer), ne voyant rien venir (et pourtant je m'appelle Anne), je téléphonai à cette entreprise et appris qu'elle avait mis la clef sous la porte... Douleur ! Douleur ! Les jours qui ont suivis furent agités, mais j'en ai conçu l'idée, que dis-je, la certitude « que le service par soi-même est ce qu'il y a de mieux » et donc j'ai réellement engagé la procédure pour m'inscrire en profession indépendante... Une autre difficulté ? Ah ! Ah ! Et pas des moindresune grèveoui une véritable,
une bien gratinée, une de celle qui menace les toutes petites entreprises... Bref ! C'était au début de mes débuts, pour mon tout premier groupe, j'avais réussi à réunir 12 personnes (douze!) et je vous prie de me croire que ce n'est pas rien ! Nous avions passé du temps au téléphone pour expliquer ma démarche, répondre aux questions... J'étais si contente. Douze ! Douze pour une première fois ! C'était bien non !
Pour la circonstance j'avais loué une salle. J'avais préparé, préparé, préparé mon atelier....
Et devinez quoi ? Une grève ! Une grève de la RATP. Pas une toute petite, non une énorme, qui fait fermer les grilles du métro et donner vraiment envie de mordre... Les gens se sont décommandés...
Et voilà ! Ma première fois était à l'eau ! Douleur d'entre les douleurs.
Je n'aime pas arrêter un texte sur une note négative, alors il faut que je vous raconte aussi un bon souvenir : j'avais passé une annonce dans un journal (papier). Cette annonce, pour un tarif exorbitant, devait passer un seul jour... Mais la Grâce des grâces était avec moi ce jour-là, car le journal a fait une erreur et l'a laissée une semaine ! Merci !


Épisode septième,
Sortant toute rafraîchie et enthousiaste du stage que jai animé pendant toute la semaine dernière, il me vient à lesprit quelques souvenirs sur ce phénomène très particulier quest un stage. Pouvez-vous visualiser un tube de lait Nestlé concentré, ou une boîte de concentré de tomate ? Et bien, un stage cest ceci. Un concentré ! Concentré décriture à réaliser, concentré damitié et de liens nouveaux avec de nouvelles personnes, concentré de découvertes en tout genreBref, cest un concentré de vie, qui comme toute graine ou tout bourgeon va se déployer au fur et à mesure que le stage progresse.
Mon premier stage que j’ai organisé avait lieu, il y a des années, en Corrèze, à la campagne -une belle campagne, verdoyante, avec beaux villages de pierres, magnifiques noyers et vaches au doux regard- Le thème proposé était la biographie. Et quelque huit personnes avaient répondu à l’appel. Le stage se tenait dans une maison ancienne, mariant avec bonheur l’ancien et le moderne, le rustique et le confort.
Mon meilleur souvenir ? Le lien d’amitié qui s’était formé entre les stagiaires. Ils s’entendaient à merveille et riaient pour un rien ! Je me souviens précisément des grands moments vécus à table, où à chaque dîner chacun y allait de sa petite histoire et à la fin nous chantions…
Un souvenir de l’atelier d’écriture ? Un souvenir émouvant : le premier matin, du premier jour, une personne avait raconté un problème grave de santé qui l’habitait, je me souviens de l’émotion que j’avais eu du mal à endiguer !
Et je me souviens aussi des textes, des beaux textes que les personnes parvenaient à rédiger. Une émulation. Un entraînement et hop… L’écriture semblait jaillir d’elles de façon tout à fait spontanée. En fait, ils avaient réussi à se détendre… Et si ce n’était que cela…
Quelque quinze années et de nombreux stages plus tard, cette fois à Paris et tout récemment, c’est un stage de récit que j’ai proposé…
Une réussite ? Oui je pourrai l’affirmer. Un peu pour les mêmes raisons : la bonne entente des participants, leur bienveillance respective et aussi et surtout la qualité des textes…
Et puis pour moi, un sentiment d’émerveillement : je suis toujours touchée quand proposant tel exercice, les stagiaires le prennent au sérieux et en font quelque chose de beau !


Épisode huitième,
Reprenons donc le récit de la création de mon entreprise ! Ce qui m'a toujours frappé dans cette aventure, c'est qu'avant même son apparition et sa naissance, celle-ci était préparée.
Un an avant, il y avait eu des signes précurseurs (cf épisode N° 1) mais deux ans auparavant et trois et quatre ? Bref, se trouve véritablement le début des débuts ?
Quand j'étais en classe de terminale, je voulais être professeur de lettres, ce désir, bien qu'ayant fait des études de droit, ne m'a jamais quitté puisque des années plus tard, j'exerce d'une certaine façon cette fonction.... Et avant, qu'y avait-il avant ? Avant, j'adorais lire et raconter des histoires... Alors cette création d'entreprise née à la fin du siècle, avait déjà quelques années d'avant-conception.
En écrivant pour vous distraire (si ! Si!) ces quelques réflexions, il me semble que je suis en ce moment, comme vous d'ailleurs, en train de préparer une naissance nouvelle... Un nouveau cycle.
Dans le début de mes ateliers d'écriture, le Ciel m'aidait. Vraiment.
Un jour, alors qu'à cette époque, j'étudiais les contes de Grimm avec Jean-Pascal Debailleul, les contes et leurs pouvoirs, j'ai eu la chance d'avoir une demande d'atelier d'écriture pour cinq personnes d'un coup ! Un groupe d'amis voulait son coach personnel en écriture... Chance et bonheur ! Car autant vous le dire tout de suite, la difficulté d'une entreprise c'est de trouver des « clients » alors j'étais ravie....
Une autre aide du Ciel fut de m'aider à comprendre un certain charabia administratif. Ayant une année d'exercice, je devais remplir la déclaration commune de résultat -DCR- Facile ! Jusqu'au moment ne voulant rien oublier de déclarer, je découvre un paragraphe tout à fait mystérieux, avec de gentilles mises en condition de l'administration « Si vous ne le faites pas.... »
Curieusement, j'ai trouvé en moi la force de comprendre la chose !
Et puis j'ai téléphoné aux services et une dame tout à fait aimable a pris soin de me faire remarquer que si chaque personne, devait la déranger ainsi...
elle en perdrait sa patience qu'elle avait pourtant fort grande, sa positive attitude préconisée par son cher magasine Psychoc, ses connaissances très étendues, les clefs du coffre, le sourire édenté de son patron et finalement son propre bonheur.... Mais aujourd'hui, elle faisait une exception parce qu'elle sentait en la jeune moi, une grande aptitude. Et alors c'était oui ! J'avais bien rempli la déclaration et irai (mais bien plus tard) au paradis des déclarants, pour l'heure et dans l'année, il me serait simplement proposé - oups imposé- , une ptite taxe, voir une taxette !

Épisode neuvième ,
Eh oui ! Il faut en parler aussi des taxes ! Faire choix d'une formule juridique ne coule pas forcément de source. Au début, j'ai choisi le portage salarial. Formule permettant d'être salarié, ce qui en période d'essai est utile pour se convaincre, ou non, de la pertinence de son activité. Si le principe est séduisant, sa mise en pratique peut provoquer un désenchantement. Oui ! Ainsi, après quelques premiers mois d'essai auprès d'une société je perdais plus de la moitié de ma recette et je devais chaque mois demander des rectifications de numéro de sécurité sociale, de nom, de montant... Je trouvai cette fois une association de portage salariale adaptée à mon activité, l'écriture. Et bien après quelques mois de bons et loyaux services, cette dernière mit, dans le plus grand secret, la clef sous la porte et de mon salaire, il n'en fut plus question.... Ah ! Je vous prie de me croire que toute cette aventure ne m'amusait pas, absolument pas. Mais pour la petite histoire, après coups de fil à la préfecture, j'ai fini pas retrouver et prendre contact avec les responsables et recevoir à la fois mon juste salaire et feuille d'Assedic....
La prochaine étape ne pouvait être que mon inscription définitive auprès du Centre des Formalités des Entreprises. C'est alors que le ballet des factures de l'Urssaf, de la Cipav, puis de la Ram a débuté... Relativement compréhensible, du moins prévisible la première, la seconde, puis la troisième année, mais beaucoup moins quand les réévaluations sur provision ont surgi, tels des petits diables dans de moelleux gâteaux !
Ces moments de tâtonnements juridiques et financiers étaient aussi et fort heureusement accompagnés d'agréables surprises. Un souvenir me vient en mémoire : j'avais organisé au bord de la mer, un stage d'une semaine. Le site était magnifique : grandes et belles plages de sable fin, peu de monde, bâtiments charmants, jardin et terrasse bien fleuris. Bonne nourriture. Joie et instants conviviaux au rendez-vous. Soleil. Sans oublier bien sûr, un intérêt tout à fait partagé pour ce que nous faisions : écrire !
Il y a une véritable jubilation à exercer son activité en un lieu un peu extraordinaire et penser que tout ce qui arrive là est dû à sa propre créativité !


Épisode dixième,
Voici aujourd'hui le dixième épisode du récit de mes diverses aventures liées à la conception de mes ateliers d'écriture. Toute cette exploration me conduit à parler du fond du fond, de l’œil de l'océan, du pépin de la pomme, du parfum de la rose, du nez de l'élu, bref du principal !
Et répondre à une question que l'on m'a posée récemment : quel est l'intérêt de l'écriture ?
Et bien, il n'y a pas à hésiter, à trembloter ou même à avoir peur. La réponse est directe : l'écriture sollicite la dignité de l'être humain. La dignité de l'être humain c'est son intelligence, c’est sa capacité à créer. C'est sa capacité à aimer.
L'écriture ! L'utilisation des mots, l'agencement des phrases, la finesse des raisonnements, les événements racontés et décrits sont l'émanation de cette intelligence humaine. Comme l'oiseau pépie, l'être humain parle et écrit...
À quoi sert donc cette pratique qu'est l'écriture ? À témoigner de son intelligence et à le rester ! À cultiver la conscience d'être et
d'agir. Et je vais terminer ce petit panégyrique par une liste :
- créer et se sentir humain.
- Communiquer et être compris enfin !
- Être apaisé, après avoir exprimé la houle des jours mauvais ou du moins chahutés.
- Lutter contre toute sorte de vieillissement, quand vous saurez amis lecteurs, que nenni, ce ne sont pas les sportifs qui vivent le plus longtemps, mais les intellectuels, car le cerveau est la machine première.
- Et si vous poussez le galet suffisamment loin, de faire œuvre artistique !
Et n'allez pas me dire, oui, mais la musique... Oui, mais la peinture... La sculpture.... La bourse....
Je vous réponds les MOTS, les mots et encore les mots !
Tenez faîtes l'expérience d'écrire une lettre d'au moins trois pages à quelqu'un en prenant soin de choisir les justes mots, vous verrez votre flux sanguin s'améliorer, l'éclat de votre regard briller et vos cellules frétiller d'une énergie toute nouvelle ! Pourquoi ? Car vous aurez découvert la capacité de vous exprimer.