vendredi 22 février 2013



Épisode onzième, racontant par le menu la création d'une petite, mais néanmoins grande entreprise, « les ateliers d'écriture d'Anne Kail »

Depuis le début, je vous décris avec force détails les préludes de la création de mes ateliers d’écriture… Je me demande s’il ne serait pas grand temps d’entrer dans le vif du sujet. Êtes-vous d’accord ? Oui, répond la foule ! ( la foule étant composée de vous amis lecteurs ô combien sympathiques !) Alors, sans plus attendre allons-y !
Mais à quoi vous attendez-vous quand je parle d’essentiel ? Cette fois encore, soyons directs. Je parle de l’écriture. Dans cette expression « atelier d’écriture », il y a écriture, n’est-il pas ? Je vous le confirme, il est vrai !
Et donc mes ateliers proposent aux participants…d’…écrire ! Oui ! C’est tout à fait çà !
Mais demandez-vous encore, ô insatiables lecteurs, de quelle sorte d’écriture il s’agit ? Car votre érudition, vous fait connaître qu’il y a bien des types d’écrits….
Voici une très bonne question ! Il s’agit du récit. Et aujourd’hui, je vais vous parler du récit autobiographique, l’une de mes spécialités. Qu’est-ce donc ? C’est écrire, raconter sa propre vie.
Je propose d’écrire sur soi. Je propose de se raconter. Je propose d’être le sujet de son récit et de trouver sa façon originale d’en faire état.
Un jour, j’avais été invitée à présenter devant la centaine d’employés d’une entreprise, mes ateliers sur ce thème : l’autobiographie. Je parle donc, expose, argumente, détaille, donne des exemples, etc.
Les gens écoutent et lorsqu’arrive le moment des échanges, les personnes posent cette question : « Va-t-on tout savoir de moi ? » Je vous entends rire, vous, familiers de Facebook et d’autres réseaux sociaux…
Cette question n’en était pas une, c’était une angoisse qui pourrait se décomposer ainsi « Mon voisin de bureau va-t-il me juger ? » « Comment va réagir mon patron devant l’exposé de ma foi ou de ma collection d’ours en peluche à oreille cassée, alors que je suis un adulte responsable ? » Mais plus l’heure avançait, plus la discussion se poursuivait, plus la question devenait : « et moi que vais-je savoir de moi ? Vais-je me reconnaître ? Et d’abord ai-je des choses à exprimer ? »
Épisode douzième,
Alors, répondons à nos questions et pour vous faciliter la lecture, je vais même reproduire la question exposée dans l’épisode précédent :
Ai-je réellement des choses à raconter sur moi-même, n’étant pas le dernier trappeur de Colombie-Britannique, ou n’ayant même pas un amant caché dans un quelconque coffre, non ! Ayant une vie toute simple ?
La réponse vous la devinez, c’est oui ! Et tout l’art de l’écrivain est justement de savoir raconter le quotidien, le fil des jours, et de le rendre intéressant. Mais je vais toutefois vous dévoiler un grand secret, amis lecteurs, vous avez des choses tout à fait palpitantes et croustillantes à raconter.
Tenez ! Prenez aujourd’hui, nous sommes le 24 décembre à 11h21. Vous êtes dans le train en partance pour Saint-Cougnafier-le-petit-Trou depuis Paris. Et vous auriez bien trois pages de menues anecdotes à raconter : d’abord votre questionnement au petit matin, devant l’amoncellement de vêtements à faire pénétrer dans votre petite valise. Décrire, par le menu, tout ce qui a pu entrer dans cette boîte de 60 cm de long sur 30 cm de large serait assez amusant. Et ne dîtes pas que cela ne vous intéresse pas, car pourquoi donc regardez-vous avec intérêt les gens sur la plage ouvrir leurs sacs et installer sur le sable, serviettes, livres, revues et tubes à dorer… Enfant, n’êtes-vous pas resté bouche bée devant le sac de Mary Poppins !
Vous pourriez aussi écrire une page de louanges à l’inventeur des roulettes au service des valises !
Le 24 décembre me direz-vous est un jour spécial, veille de Noël, comme le rappelle ce petit garçon vieux de 3 ans qui essaye d’enthousiasmer toute la voiture en chantant à tue-être…en criant, « Petit Papa Noël… » Mais qu’en est-il des autres jours, un 15 novembre par exemple ? Eh bien regardez dans votre agenda et vous verrez que ce jour-là, ce jour-là précisément, vous avez commencé à regarder d’un œil un peu plus bavard, votre voisin grand et mince ! Alors !
Mais vraiment sachez-le toute vie est intéressante ! Au nom de quoi, seuls ceux qui ont vécu la dernière guerre, ou sont agents 007, ou ont décidé de devenir ermite dans une grotte perdue, auraient eux le droit d’écrire leur vie, tandis que ceux qui coulent des jours paisibles et sans drame saillant ne le devraient pas. Mais si, il le faut ! Il le faut pour vous-même d’une part et aussi par devoir de mémoire.
Épisode douzième bis,
Alors, répondons à nos questions et pour vous faciliter la lecture, je vais même reproduire la question exposée dans l’épisode précédent :
Ai-je réellement des choses à raconter sur moi-même, n’étant pas le dernier trappeur de Colombie-Britannique, ou n’ayant même pas un amant caché dans un quelconque coffre, non ! Ayant une vie toute simple ?
N’êtes-vous pas en possession des quelques lignes que votre arrière grand-père a laissées et qui racontent de façon un peu succincte, certes, mais qui raconte tout de même, tout un pan de sa vie dans son village natal en Aveyron. Ce journal vous apprend comment il exerçait son métier de médecin, là-bas ; là-bas où tous les étés, vous, vous passez vos vacances et parcourez la région en voiture et non en voiture à cheval, comme lui à l’époque en 1890, il parcourait les monts d’Aubrac avec sa jument Évangéline, sa sacoche noire de docteur et son pistolet pour faire peur aux brigands et aux loups… C’est-ce qu’il écrit.
Vous êtes content de connaître tout ce passé, ne le niez pas ! Alors pourquoi ne préparez-vous pas la même chose pour vos descendants ? Tenez, vous avez retrouvé il y a peu, de la main de votre grand-mère son cahier de recettes de cuisine et tout un pan de souvenirs est monté jusqu’à vos narines, le lapin à la moutarde qu’elle réussissait comme personne…. Sans parler de l’émotion qui s’est emparée de vous en retrouvant son écriture, sa calligraphie si typique de son époque, ronde, appliquée… bien tracée…
Alors ! Alors la suite dans l’épisode suivant et pour une fois, je vous annonce le menu, nous évoquerons l’intérêt d’écrire sa biographie pour soi-même !


Épisode treizième,
Quel est donc l’intérêt d’écrire son autobiographie pour soi-même ?
Pour une fois, je vais vous donner la, que dis-je, les réponses de façon rapide :

Intérêts :
- samuser
Oui ! J’assure que cette aventure est tout à fait distrayante, ludique !
Je ne vous promets pas de grosses parties de rigolades, à se rouler sur le sol et à en avoir des crampes aux joues (quoique…) Tenez au moment où je vous écris ces quelques lignes, nous sommes à la période de Noël, et voyez-vous se plonger dans ses souvenirs d’enfance, vous permet de retrouver votre émerveillement quand au matin de Noël vous avez découvert le sapin illuminé, les cadeaux tous présents, n’était-ce pas magique ! Eh bien plonger dans ses souvenirs permet de revivre une nouvelle fois ce genre de bonheur… Alors, bien sûr, il y a des souvenirs plus ou moins rigolos, mais le fait de s’adonner à cette démarche est en soi très agréable.
- se connaître
Ah se connaître ! N’est-ce pas magique, fantastique, important, crucial !
Pour se connaître, vous avez Platon, Socrate et bien d’autres philosocrates… Vous avez aussi la cartomancie, la numérologie, l’ennéagramme, Madame Irma et l’interprétation de vos rêves. Vous avez bien sûr, le cher Freud, le très cher Kant, le très, très cher Jung, sans oublier les prédictions des Mayas… Enfin, bref vous avez vraiment toute une panoplie… Mais tout cela n’est rien, n’est absolument rien, si votre tête n’a pas plongé vos doigts dans votre cœur (à moins que ce soit votre cœur dans vos doigts), afin d’écrire, écrire et encore écrire. Ce double mouvement : recherche de souvenir (à écrire), les raconter (par écrit) permet une mise à distance qui agit tel le miroir parfaitement bien nettoyé (avec produits bio de préférence) et vous permet… Quoi donc ? Ah ! quelqu’un suit-il ? Oui ! là-bas, une main se lève… Cela vous permet de vous regarder ! Et donc ? De vous voir ! Très bien, très bien, élève Martin !
- Se structurer
Lorsque tout comme Martin vous avez compris l’effet miroir que procure l‘écriture de sa vie, vous êtes mûrs pour la suite. La suite c’est comprendre que cet effet miroir vous permet de vous structurer, parce que vous comprenez les événements, leur logique, leur cheminement plus ou moins tortueux. Vous comprenez la libre éducation que vos parents vous ont donnée, car enfants ils étaient coincés dans les principes bourgeois que les soixante-huitards ont fait sauter… Bref, vous comprenez l’enchaînement des maillons de votre vie et ainsi cela vous structure. Est-ce bien clair pour tout le monde ?

 
Épisode treizième bis,
Quel est donc l’intérêt d’écrire son autobiographie pour soi-même ?
Je vous rappelle les réponses dernières : s'amuser, se connaître, se structurer.
Voici la suite d'aujourd'hui :
- Recontacter les expériences fortes de notre vie, les revivre.
Voici un exemple personnel :
S'il est un de mes souvenirs d'enfance qui occupe tout l'espace, c'est le jeu ! Enfant, entre 5 et 13 ans, je passais mon temps à jouer, j'étais plongée dans un univers imaginaire, univers que je créais seule ou avec des camarades... En écrivant et racontant mon enfance, je ressens encore cette intensité du jeu d'alors, je retrouve la concentration, la quasi-méditation qui m'habitait à l'époque. Je fais un profond voyage intérieur.
L'univers que je créais avec mes poupées, ours en peluche... m'absorbait totalement.
Qu'est-ce qui était vrai ? C'était mon jeu ! Et quand ma mère m'appelait pour mettre la table, j'avais l'impression d'une incongruité absolue. Son monde n'était pas le vrai, c'est sûr !
Dans le même esprit vers 10 ans, mue par je ne sais quel désir bucolique, j'avais entrepris ce que je nommais « le labourage » d'une petite parcelle du jardin. Le jeu consistait à retourner la terre avec une bêche, de façon à dessiner des sillons bien droits. Encore aujourd'hui, en écrivant ce souvenir, j'éprouve la même jubilation qu'à l'époque, je me rends compte de ce qui se jouait là, dans ma vie d'enfant : avoir un espace à moi, me créer un univers personnel. En jouant, je créais mon monde intérieur, et personne absolument personne ne pouvait le bousculer.

- Laisser à ses descendants un témoignage d'époque ou même révéler un secret...
N’avez-vous jamais entendu cette expression « le devoir de mémoire », sans doute que oui !
Et alors qu’en faites-vous ? Il faut bien que les générations à venir sachent comment était la vie avant elles, elles qui croient avoir tout inventé, même et surtout l’amour ! Ah si vous saviez ! Eh bien justement vous allez savoir ! Nous avions un amour pur qui partait du cœur et allait jusqu’à la peau…
Mais ce récit-là, c’est de la rigolade. Il y a aussi tous les secrets de la famille… N’êtes-vous pas un peu gêné d’ignorer qui est vraiment votre arrière-grand-père, celui dont on prétend qu’il ne l’est pas alors que tous les papiers d’état civil disent le contraire ? Ainsi en lisant la vie de votre mère, vous saurez enfin !

Bien sûr, il y a d'autres intérêts à écrire sa vie, mais ces quelques éléments exposés me semblent intéressants. Qu'en pensez-vous ?